Femmes philosophes, femmes compositrices

Systèmes philosophiques, pensées au féminin et compositrices de la même époque

 

Musique:

  • Germaine Taillefer
  • Lili Boulanger
  • Louise Farrenc
  • Clara Schumann
  • Sofia Goubaïdoulina

Textes:

  • Hanna Arendt
  • Jeanne Hersch

Intervenant: Agustin Casalia, philosophe

 

Musiciens:

  • Claire Isperian, piano
  • Philippe Ehinger, clarinette
  • Regis Bringolf, violon
  • Michel Friderich, alto
  • Pascal Desarzens, violoncelle

Germaine Taillefer

 

Elle commence le piano avec sa mère. En 1904, contre la volonté de son père, et en le lui cachant, elle entre au Conservatoire de Paris. Deux ans plus tard, elle obtient la médaille de solfège, ce qui amadoue quelque peu son père, qui refuse toutefois de la soutenir financièrement.

En 1912, au Conservatoire, elle fait la connaissance de Darius Milhaud (1892-1974), de Georges Auric (1899-1983) et d’Arthur Honegger (1882-1955), qui l’introduit auprès de Charles Kœchlin (1867-1950), duquel elle reçoit des conseils en orchestration.

En 1913, elle obtient un premier prix d’harmonie du Conservatoire, en 1914, le premier prix de composition, et en 1915, le premier prix d’accompagnement.

En 1917, Erik Satie est impressionné par la pièce pour deux pianos de Germaine Tailleferre, Jeux de plein air, et la déclare être sa « sœur en musique ». Il l’invite à rencontrer le groupe les « Nouveaux jeunes », mouvement des musiciens « des fausses notes », qui se réclame aussi de Claude Debussy, mais dont l’animateur se révélera être Jean Cocteau.

Ce groupe est en étroite relation avec des poètes comme Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Blaise Cendrars, Léon-Paul Fargue, Paul Éluard, Louis Aragon, ou des peintres comme Pablo Picasso, Georges Braque, Fernand Léger, André Lhote, Moïse Kisling. C’est dans l’atelier d’un de ces peintres que les « Nouveaux Jeunes » donnent leur premier concert le 15 janvier 1918. Germaine Tailleferre y donne « Jeux de plein air », pour deux pianos (qui sera arrangé pour orchestre en 1924) et la Sonatine pour quatuor à cordes. La même année, elle joue « Jeux de plein air », avec Ricardo Viñes, à la Societé Nationale de Musique.

Vers 1919-1920, commence une longue collaboration d’étude, qui durera près de dix années, avec Maurice Ravel. Un article du critique musical Henri Collet, dans « Comœdia », en 1920, rebaptise les « Nouveaux Jeunes » : « Groupe des Six ». Groupe composé de Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre, auxquels il faut ajouter le septième, Jean Cocteau.

En 1920, elle prend part à l’œuvre collective du « Groupe des Six », le ballet « Les mariés de la Tour Eiffel », qui marque symboliquement la fin de l’expérience esthétique collective des « Six ».

En 1924, elle joue son Concerto pour piano et orchestre sous la direction de Koussewitzky.

En 1925, elle se marie avec le caricaturiste Ralph Barton (1891-1931), ex-mari de l’actrice de cinéma Carlotta Monterey (1888-1970). Le couple s’installe un temps à New York. À cette occasion elle fait la connaissance de Charlie Chaplin, un ami de son mari. Selon Germaine Tailleferre, Chaplin aurait aimé qu’elle travaillât sur les musiques de ses films, mais Barton s’y opposait. Le couple revient en France en 1927. Ils se séparent en 1929 et divorcent en avril 1931. Barton se suicide le 19 mai 1931, à New York. Elle rencontre le juriste Jean Lageat. Leur fille Françoise naît le le 4 juin 1931. Le couple se marie en 1932.

En 1931-1933, elle compose plusieurs musiques de film pour Maurice Cloche. En 1936, le groupe « Jeune France » (André Jolivet, Daniel-Lesur, Yves Baudrier, Olivier Messiaen) sollicite son parrainage, et met au programme de son premier concert sa Ballade pour piano et orchestre. Elle compose la Cantate du Narcisse, sur un texte de Paul Valéry en 1938.

Entre 1942 et 1946, pour échapper à l’occupation, elle est, avec sa sœur, aux États-Unis. À son retour, installée à Grasse, elle reçoit des commandes de la Radio, et compose des musiques pour le cinéma. En 1948-1947, elle compose sa seconde Sonate pour violon.

En 1955, l’année de son second divorce, elle compose, sur des textes de Denise Centore, cinq petits pastiches d’opéras comiques pour la radio, Du style galant au style méchant. En 1956-1957, au cours d’une tournée européenne, avec le baryton Bernard Lefort (le Concerto des vaines paroles est composé pour lui en 1954) elle se fait l’ambassadrice de la musique des « Six ».

Au cours de ces mêmes années, elle expérimente la technique sérielle, comme dans sa Sonate pour clarinette.

En 1969, le chef d’orchestre de la musique de la Garde Républicaine, Désiré Dondeyne, s’intéresse à sa musique pour vents, lui passe des commandes et contribue à promouvoir son œuvre.

À la fin de sa vie, alors qu’elle est victime de difficultés financières, Georges Hacquard, directeur de l’ École alsacienne (Paris), lui offre d’être pianiste des classes de danse-rythmique de son établissement, ce qui lui permet, en plus d’un apport financier, de bénéficier d’une couverture sociale. Elle a continué à créer jusqu’à sa mort.

Lili Boulanger

 

Elle commence le piano avec sa mère. En 1904, contre la volonté de son père, et en le lui cachant, elle entre au Conservatoire de Paris. Deux ans plus tard, elle obtient la médaille de solfège, ce qui amadoue quelque peu son père, qui refuse toutefois de la soutenir financièrement.

En 1912, au Conservatoire, elle fait la connaissance de Darius Milhaud (1892-1974), de Georges Auric (1899-1983) et d’Arthur Honegger (1882-1955), qui l’introduit auprès de Charles Kœchlin (1867-1950), duquel elle reçoit des conseils en orchestration.

En 1913, elle obtient un premier prix d’harmonie du Conservatoire, en 1914, le premier prix de composition, et en 1915, le premier prix d’accompagnement.

En 1917, Erik Satie est impressionné par la pièce pour deux pianos de Germaine Tailleferre, Jeux de plein air, et la déclare être sa « sœur en musique ». Il l’invite à rencontrer le groupe les « Nouveaux jeunes », mouvement des musiciens « des fausses notes », qui se réclame aussi de Claude Debussy, mais dont l’animateur se révélera être Jean Cocteau.

Ce groupe est en étroite relation avec des poètes comme Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Blaise Cendrars, Léon-Paul Fargue, Paul Éluard, Louis Aragon, ou des peintres comme Pablo Picasso, Georges Braque, Fernand Léger, André Lhote, Moïse Kisling. C’est dans l’atelier d’un de ces peintres que les « Nouveaux Jeunes » donnent leur premier concert le 15 janvier 1918. Germaine Tailleferre y donne « Jeux de plein air », pour deux pianos (qui sera arrangé pour orchestre en 1924) et la Sonatine pour quatuor à cordes. La même année, elle joue « Jeux de plein air », avec Ricardo Viñes, à la Societé Nationale de Musique.

Vers 1919-1920, commence une longue collaboration d’étude, qui durera près de dix années, avec Maurice Ravel. Un article du critique musical Henri Collet, dans « Comœdia », en 1920, rebaptise les « Nouveaux Jeunes » : « Groupe des Six ». Groupe composé de Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre, auxquels il faut ajouter le septième, Jean Cocteau.

En 1920, elle prend part à l’œuvre collective du « Groupe des Six », le ballet « Les mariés de la Tour Eiffel », qui marque symboliquement la fin de l’expérience esthétique collective des « Six ».

En 1924, elle joue son Concerto pour piano et orchestre sous la direction de Koussewitzky.

En 1925, elle se marie avec le caricaturiste Ralph Barton (1891-1931), ex-mari de l’actrice de cinéma Carlotta Monterey (1888-1970). Le couple s’installe un temps à New York. À cette occasion elle fait la connaissance de Charlie Chaplin, un ami de son mari. Selon Germaine Tailleferre, Chaplin aurait aimé qu’elle travaillât sur les musiques de ses films, mais Barton s’y opposait. Le couple revient en France en 1927. Ils se séparent en 1929 et divorcent en avril 1931. Barton se suicide le 19 mai 1931, à New York. Elle rencontre le juriste Jean Lageat. Leur fille Françoise naît le le 4 juin 1931. Le couple se marie en 1932.

En 1931-1933, elle compose plusieurs musiques de film pour Maurice Cloche. En 1936, le groupe « Jeune France » (André Jolivet, Daniel-Lesur, Yves Baudrier, Olivier Messiaen) sollicite son parrainage, et met au programme de son premier concert sa Ballade pour piano et orchestre. Elle compose la Cantate du Narcisse, sur un texte de Paul Valéry en 1938.

Entre 1942 et 1946, pour échapper à l’occupation, elle est, avec sa sœur, aux États-Unis. À son retour, installée à Grasse, elle reçoit des commandes de la Radio, et compose des musiques pour le cinéma. En 1948-1947, elle compose sa seconde Sonate pour violon.

En 1955, l’année de son second divorce, elle compose, sur des textes de Denise Centore, cinq petits pastiches d’opéras comiques pour la radio, Du style galant au style méchant. En 1956-1957, au cours d’une tournée européenne, avec le baryton Bernard Lefort (le Concerto des vaines paroles est composé pour lui en 1954) elle se fait l’ambassadrice de la musique des « Six ».

Au cours de ces mêmes années, elle expérimente la technique sérielle, comme dans sa Sonate pour clarinette.

En 1969, le chef d’orchestre de la musique de la Garde Républicaine, Désiré Dondeyne, s’intéresse à sa musique pour vents, lui passe des commandes et contribue à promouvoir son œuvre.

À la fin de sa vie, alors qu’elle est victime de difficultés financières, Georges Hacquard, directeur de l’ École alsacienne (Paris), lui offre d’être pianiste des classes de danse-rythmique de son établissement, ce qui lui permet, en plus d’un apport financier, de bénéficier d’une couverture sociale. Elle a continué à créer jusqu’à sa mort.

 

Louise Farrenc

 

Louise Farrenc est la fille du sculpteur Jacques Edmé (Prix de Rome) et sœur du sculpteur Auguste Dumont. Sa mère Marie Elizabeth Louise Courton est apparentée aux peintres Coypel.

Elle reçoit ses premiers cours de piano d’Anne Elizabeth Cécile Soria qui fut une élève de Clementi. Elle aurait eu aussi (selon Fétis) Hummel et Moscheles comme professeurs.

En 1819, elle étudie l’harmonie et la composition avec Reicha (1770-1836) alors professeur au Conservatoire de Paris. Elle interrompt momentanément les études quand elle se marie en 1821 avec le flûtiste, compositeur et éditeur de musique Aristide Farrenc

(1794-1865).

Sa fille unique Victorine naît en 1826. Elle est une excellent pianiste. Elle décède tuberculose en 1858

Elle reprend ses études avec Reicha. Sur la recommandation d’Halévy, elle est professeur de piano de la duchesse d’Orléans en 1842. En 1842 elle est nommée professeur de piano au Conservatoire national de Paris.

Elle se ne se produit plus que rarement et se consacre à la composition.

Son mari cherche à faire jouer ses oeuvres, et ils projettent ensemble une monumentale anthologie de musique pour piano en 23 volumes couvrant le répertoire du XVIe siècle au milieu du XIXe siècle, Le Trésor des pianistes qu’elle achève seule après la mort d’Aristide Farrenc en 1865.

En 1861 et en 1869 elle reçoit le Prix Chartier de l’Académie des Beaux-Arts

En 1870, elle organise avec ses élèves un concert avec les oeuvres de l’anthologie au programme.

Contrairement à l’air du temps elle n’écrit pas d’oeuvres lyriques (mais elle n’est pas la seule, par exemple George Onslow). Elle compose de la musique de chambre, beaucoup pour le piano. Des quatuors, des quintettes. Elle a à son actif trois symphonies. Certaines de ses oeuvres sont publiées sous le nom de son mari, ce qui rend les identifications difficiles.

Son Air russe varié pour le piano, op. 17, suscite une critique positive de l apart de Robert Schumann. Sa Seconde Ouverture est créée sous la direction d’Habeneck par la Société des Concerts du Conservatoire. Sa Première symphonie op. 32 est donnée avec succès le 23 février 1845 à Bruxelles et au Conservatoire de Paris le 17 avril de la même année, on entend également au Conservatoire la Deuxième symphonie la 3 mai 1846 et la Troisième le 22 avril 1849. Son plus grand succès est la Nonette en mi bémol majeur op. 38, donnée à la Salle Erard le 19 mars 1850

Clara Schumann

Élève de son père, Friedrich Wieck, Clara Schumann donna son premier concert en 1828 à Leipzig. En 1831, au début de sa première tournée qui la conduisit à Paris, elle joua devant Goethe. Au retour, elle compléta ses études de composition. Sa renommée précoce lui valut d’être nommée pianiste de la cour d’Autriche en 1838. L’année suivante, au cours d’un second séjour à Paris où elle songea à se fixer, elle fit connaître à un cercle restreint les premières œuvres qu’elle avait inspirées à Robert Schumann.

Elle épousa Robert Schumann le 12 septembre 1840, au terme d’une longue et douloureuse attente provoquée par l’opposition de Wieck. Grâce à Schumann qui l’initia intensivement à J. S. Bach et à Beethoven, la virtuose qu’elle était devint l’une des premières interprètes de son temps. Mais sa carrière fut entravée par huit maternités. Jusqu’en 1856, elle n’effectua que deux tournées importantes, l’une au Danemark (1842), l’autre en Russie (1844), et créa à Leipzig, le 1er janvier 1846, le concerto pour piano que Schumann avait conçu pour elle. Un peu avant la mort de celui-ci, elle reprit par nécessité la vie errante de concertiste, moralement soutenue par l’amitié passionnée que lui vouait Johannes Brahms.

De 1856 à 1891, année de son dernier concert public, elle se rendit seize fois en Angleterre, deux fois à Paris (1862 et 1863), où elle joua avec le quatuor Armingaud le quintette que Schumann lui avait dédié, fit une seconde tournée en Russie (1864) et donna plusieurs concerts avec le violoniste Joseph Joachim. Dans son répertoire qui s’étendait de Bach à Brahms, elle marqua toujours une prédilection pour les œuvres les plus brillantes de Schumann. Son jeu, bien que puissant et timbré, était basé sur une technique opposée à celle de Liszt, pour qui elle avait peu de sympathie. D’esprit conservateur, elle prit parti pour Brahms contre Wagner. En 1878, elle fut nommée professeur au conservatoire de Francfort. Elle établit, en collaboration avec Brahms, une édition complète des œuvres de Schumann (1881-1893) et publia en 1885 sa correspondance de jeunesse.

Inspiratrice et conseillère de deux des plus grands musiciens du romantisme, Clara Schumann a sous-estimé ses dons de compositeur. Sa production, une quarantaine d’œuvres, est d’une réelle qualité. L’ensemble des pièces pour piano écrites avant 1840, sous l’influence de Chopin et de Mendelssohn, est dominé par le concerto op. 7 (1835). Ensuite, son évolution suit celle de Schumann et culmine avec le trio op. 17 (1847). Ce sont surtout ses trois recueils de lieder (1840, 1844, 1853) qui sont remarquables. Schumann, qui avait déjà écrit ses Impromptus op. 5, ses Davidsbündlertänze op. 6 et sa 3e Sonate op. 14 à partir de motifs empruntés à des œuvres de sa fiancée, a inclus dans son Liebesfrühling op. 37 (1840) trois lieder de l’opus 12 de Clara, qui égalent sa propre inspiration.

Sofia Goubaïdoulina

Assistante de Chostakovitch de 1954 à 1959, Sofia Goubaïdoulina fonde en compagnie des compositeurs Viatcheslav Artiomov et Viktor Sousline, l’Ensemble Astreya où elle improvise sur des instruments rares d’Europe de l’Est, ainsi que sur des instruments rituels.

En 1981, le violoniste Gidon Kremer interprète son concerto Offertorium et il la fera connaître du monde musical international et en 1992, elle s’installe en Allemagne près de Hambourg.

Influencée par toutes formes de musiques rituelles, par la mystique chrétienne et la philosophie orientale, elle a reçu de nombreux prix, dont le prix international du disque Koussevitzky (1989 et 1994), le prix Franco Abbiato (1991), le Heidelberger Künstlerinnenpreis (1991) et le prix de l’État russe (1992).

Depuis 1992, elle vit en Allemagne, à proximité de Hambourg